
En 1954, Marilyn Monroe est déjà une grande actrice et la coqueluche d'Hollywood: elle a 28 ans. Elle est jeune encore et pourtant sa vie est déjà une grande aventure. Elle décide de la raconter. Durant plusieurs mois, à l'aide d'un ami scénariste et écrivain, Ben Hecht, elle se livre sur des pages qu'elle confie à son ami, le photographe Milton Greene. Ses "confessions" ne seront jamais terminées.
En 1974, Milton Greene décide de les publier, nous livrant ainsi la voix d'une femme incroyablement touchante qui se livre jusqu'au plus intime. Épuisé depuis des années en France, ce livre est republié dans une belle édition alliant les confessions de Marilyn à de magnifiques photos prise par Milton Greene.
Cinquante ans après sa mort, Marilyn Monroe continue de hanter le cinéma et les bacs des libraires. Les livres fleurissent à son sujet, se déclinant en romans, biographies, recueils de photos... Tout ceci alimente et enrichi le mythe MM, chacun y allant de sa petite hypothèse, de son analyse, pour expliquer un mystère qui continue à passionner le public : qui était cette jeune femme ? D’où lui venait son incroyable pouvoir de séduction ? Pourquoi n’était-elle pas heureuse ? Et surtout, s’est elle suicidée ?
Confession inachevée, e

st cependant plus qu'un énième livre sur Marilyn Monroe. On y découvre une jeune femme un peu perdue, un peu naïve, assez malheureuse et néanmoins d'une finesse et d'une clairvoyance trop souvent occultée. Lassée des potins et des ragots colportés à son sujet, Marilyn décide de se présenter elle même. Elle nous raconte sa vie, surtout sa vie d'avant, celle de Norma Jean, une petite orpheline en mal d'affection qui cherche avant tout à exister aux yeux des autres, et ses début dans l’industrie du cinéma, années de galères d’humiliations et de désespoir.
Il y a peu,
Fragments nous dévoilait déjà une part de cette Marilyn mal connue, jeune femme dépressive, solitaires et consciente de son constant décalage avec ceux qui l’entourent. Sa
Confession…, moins noire rajoute une dimension plus lumineuse à cette image qui se dévoile : celle d’une jeune femme pleine de finesse et d’humour, ironique et lucide, qui sait relever et évoquer sans fioriture les détails cocasses d’une vie mouvementée.

Au fil des anecdotes, une image se dessine, et l’on croit presque y entendre la voix de l’actrice : des phrases simples, un style enfantin et spontané. Sans pitié pour elle-même, lucide sur ces défauts, Marilyn ne cherche pas à se justifier : elle explique c’est tout. Elle décortique les accusations, les fausses impressions : ses rapports mouvementés avec les hommes mais aussi et surtout avec les femmes. Ce regard sans pitié laisse deviner le désespoir de l’actrice face à elle-même, au milieu dans lequel elle évolue et à son incapacité à y être heureuse. La fin est presque annoncée et quelques mots, écrits de sa main, sonnent même comme une prophétie : "Je regagnai ma chambre au volant de ma voiture. Oui, il y avait quelque chose de spécial chez moi, et je savais ce que c'était. J'étais le genre de fille qu'on retrouve morte dans une chambre minable, un flacon de somnifères vide à la main."
Et en filigrane de son histoire c’est tout le milieu de la grande industrie du cinéma hollywoodien qui se met en branle, décors sombre et peu glorieux : stars jalouses, dragueurs maladroits et paumés, soirées chics à mourir d’ennui… Marilyn pose sur le milieu dont elle fait partie un regard dur et désabusé, démystifiant ainsi un monde froid et dur où Norma Jean peine à trouver ce qu’elle y avait tant cherché.